Vous êtes-vous déjà intéressé au fonctionnement d’une bande dessinée ? Pas à la technique de dessin. Plutôt à la méthode narrative. C’est-à-dire l’art d’agencer les cases. Si vous êtes amateur de bandes dessinées, l’Art invisible propose une réflexion de fond qui permet d’apprécier encore mieux ses prochaines lectures. Quid de passer de l’autre côté du miroir ?

Professionnellement, c’est particulièrement intéressant s’il vous arrive de créer des présentations PowerPoint. Les diaporamas horizontaux sont un enchaînement de slides sur lesquelles on trouve des images et/ou du texte. Ce qui en fait par définition… de la bande dessinée. Beaucoup des cadres modernes sont des bédéistes qui s’ignorent. Sympa, non ?

Voici donc deux bonnes raisons de lire Understanding Comics – The Invisible Art : mieux apprécier les bandes dessinées le week-end et améliorer ses présentations professionnelles la semaine.

Au travers d’un peu plus de deux cents pages agréables à lire et au suspens efficace, Scott McCloud propose une réflexion de fond sur le neuvième art. D’abord sa définition (celle qui la rapproche d’un diaporama), ensuite son histoire qui remonte à l’antiquité et qu’on trouve dans toutes les cultures (i.e. les frises mayas ou des tombeaux égyptiens sont une forme de bande dessinée) jusqu’à ses formes modernes.

La réflexion suivante se porte sur les icones et les niveaux de précision du graphisme. Notamment le triangle formé par « réalité », « langage » et « niveau pictural ». Ces trois derniers points sont cryptiques exprimés ainsi. L’ouvrage les explique très bien… et en bande dessinée ! Il faudra le lire pour véritablement comprendre.

Après, l’auteur s’intéresse aux ellipses : ce qui est montré et ce qui est suggéré. Notamment ce qui est hors du champ des cases et ce qui se passe entre les cases. L’ellipse favorise l’imagination, fait travailler le lecteur et finalement le fait participer. Scott McCloud va jusqu’à référencer les types d’ellipse : de moment à moment, d’action à action, de sujet à sujet, de scène à scène, de point de vue à point de vue et enfin les juxtapositions de cases sans liens entre elles. D’ailleurs, en analysant l’utilisation de ces types d’ellipse, l’œuvre démontre qu’il existe certaines différences de fond entre les bandes dessinées occidentales et asiatiques. Voici qui devrait passionner les fans de manga !

Ensuite vient la question de la représentation graphique de concepts non graphiques : la vitesse, la lenteur, les sensations, les émotions, les pensées, etc. Tout cela se transmet en bande dessinée par un jeu de conventions auxquelles nous sommes à présent habitués. Y avez-vous déjà prêté attention ou vous semblent-elles évidentes ?

Bien d’autres thèmes sont abordés dans cette œuvre foisonnante. Donc pour une lecture détente intelligente qui traite involontairement d’un sujet professionnel tout en parlant de comics… Lisez l’Art invisible !

Vous pourriez y apprendre quelque chose sur un support plaisant.

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